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agriculteurs

  • Département / Chambre d'agriculture : des liaisons dangereuses ?

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    Chacun connaît les relations privilégiées qu'entretient le Président du Conseil départemental avec le monde agricole, sa clientèle électorale préférée : on se souvient aussi comment ce lobby agricole nous a volé la victoire aux élections cantonales il y a quelques années.


    J'ai la preuve aujourd'hui que le Département utilise le fichier de tous les exploitants agricoles et viticoles (dont certains sont d'ailleurs en retraite depuis de très nombreuses années) et qui lui a été transmis par la Chambre d'agriculture (voir la réponse de la CNIL ci-dessous).


    C'est ainsi que quelques semaines avant les dernières élections départementales, tous ces destinataires ont reçu sous pli personnalisé provenant de la Direction de la Communication du département un magnifique document de 4 pages couleurs vantant la politique agricole du département avec la Chambre d'agriculture. La même opération avait déjà eu lieu lors des élections départementales précédentes en 2011.


    En octobre 2015, c'est une invitation personnalisée à l'inauguration de la Ferme Côte-d'Or qu'ont reçue quelques milliers de Côte-d'Oriens, et quelques semaines avant les élections régionales.

     

    Conclusion :

    • Monsieur Sauvadet utilise pour des besoins électoraux un fichier provenant de la Chambre d'Agriculture, ce qui est prohibé par le code électoral.
    • Naturellement ces dépenses, conséquentes, ne figurent vraisemblablement pas aux comptes de campagne des candidats et c'est le contribuable départemental qui paye.

    vie politique

     

  • Agriculture : les élus planchent

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    séminaire agricole A.jpgLa pluie n'a pas démobilisé les élus du groupe des Forces de Progrès qui ont participé nombreux à un séminaire de travail consacré à l'agriculture départementale et aux agriculteurs à Soirans où nous avons été accueillis par Antoine Sanz, conseiller général, et Jean-Paul Vadot, maire de la commune. Déjà début juin, nous avions rencontré le Président de la Chambre d'Agriculture de la Côte d'Or. Et pour ce deuxieme rendez-vous thématique de l'année, nous avons commencé par recevoir Fabrice Faivre, président de la FDSEA21 qui nous a présentés  l'analyse et les priorités de son syndicat : aménagements fonciers, soutien à la diversification pour la production porcine et de volailles, développement de la vente directe et des circuits courts (avec maintien des abattoirs de proximité), soutien à l'installation et au salariat en agriculture. Au cours des échanges, la question des modes d'urbanisation s'est posée : chacun a convenu de part et d'autre de la table que la consommation de surfaces agricoles utiles devait être encadrée. Le dossier de la boucle des Maillys a été abordé ainsi que les dégâts provoqués par la prolifération des sangliers, mais aussi la nécessité de procéder à des opérations d'aménagement foncier selon les besoins locaux pour limiter l'éparpillement des troupeaux en région d'élevage, notamment dans le secteur touché par la tuberculose bovine, comme dans les secteurs de culture.

    Seminaire Agricole V1.jpgCette première rencontre a été suivie de la visite d'une exploitation laitière, sur la commune de Villers les Pots, directement impactée par des opérations de réaménagement foncier lié à la construction de la LGV : à ce jour, alors que la ligne ferroviaire est construite et que circulent les trains de chantier, l'exploitant reste propriétaire de parcelles traversées par la ligne... Plus grave, le producteur laitier témoignait qu'avec 30 autres de ses collègues adhérents à la même coopérative laitiere, le groupe Danone leur avait appris qu'il avait décidé unilatéralement de cesser de leur acheter leurs productions. S'ils ont reçu des explications sur les motivations stratégiques de ce grand groupe, l'avenir de la production des 31 laitiers concernés reste tres incertain. "Que fait-on lorsqu'on vous envoie le croque-mort ?". Au moins a-t-il pu témoigner du peu de cas que les industriels font des structures coopératives et de leurs adhérents sur le terrain. Quand l'intérêt de la finance n'est pas du tout celui des hommes et de la société.

    seminaire agricole v2.jpgDans une autre exploitation, à Flagey les Auxonne, c'est un agrobiologiste spécialisé en production de viande bio qui nous a reçus et présentés avec de nombreuses explications techniques et scientifiques l'intérêt et les méthodes de l'agriculture biologique. L'occasion de comprendre que si la vitesse à laquelle l'exploitation agricole devient rentable est plus lente, elle le devient pour plus longtemps et sans précariser ni destabiliser les milieux naturels d'une part ni être soumise à l'évolution des prix et aux contraintes imposées par les logiques de grands groupes industriels spécialisés dans les semences et engrais d'autre part.

    Enfin, ce fut au tour des représentants de la Confédération Paysanne, second syndicat agricole, d'exposer leurs analyses et propositions, avec Jérôme Gaujard, porte-parole départemental, et Jean-François Chapelle, responsable national de la commission viticole. Désengagement de l'Etat qui a délégué à l'interprofession de véritables missions de service public (ce pourquoi depuis début septembre, les militants de cette organisation occupent la Maison du Lait à Paris pour demander le respect du pluralisme syndical : cliquer ici pour en savoir plus), disparition des outils locaux de transformation (fruitieres, coopératives laitieres, abattoirs, moulins...), disponibilités foncieres limitées pour les installations du fait d'une dynamique de concentration à l'oeuvre depuis l'après-guerre, accroissement des contraintes sanitaires, le décor a été planté d'entrée avant d'appeler les élus à supprimer les planchers d'éligibilité aux aides publiques partout où ils ont été établis  et à réfléchir à tout ce qui facilitera la transmissibilité des exploitations.  Une expertise de l'efficience des aides versées est souhaitée pour vérifier si elles sont réellement utiles et nécessaires à tous les bénéficiaires et quels en sont les exclus, tant d'un point de vue sectoriel que géographique. Un seul chiffre : 40 % des installations se font aujourd'hui sans aucune aide.

    La viticulture, une particularité de notre département, a aussi été évoquée au cours de cette dernière rencontre : moins les difficultés qu'elle rencontrerait aujourd'hui qui n'ont rien de comparable avec celles de leurs collègues laitiers ou éleveurs, que celles qui se profilent dans un avenir proche avec une "financiarisation" du secteur au détriment de la propriété vigneronne, et le risque d'une nouvelle perte de contrôle direct par les vignerons eux-mêmes sur les choix stratégiques à faire pour leurs exploitations. Un signe qui ne trompe pas, valable dans toute la France :  le retour des SAFER dans les échanges fonciers sur un marché dont elles avaient été écartées longtemps. Car faute de régulation, ce sont tout simplement des fonds de pension étrangers qui pourraient prendre le contrôle des vignes en France. Un danger qui fait bondir la Confédération qui appelle les élus politiques à des mesures législatives et réglementaires plus contraignantes.

    La diversité des acteurs rencontrés a ouvert de nombreuses pistes à la réflexion de tous, pour engager le secteur sur les voies d'un avenir plus serein.  Vouloir résumer l'agriculture en une seule journée serait pourtant une gageure. Si la crise et ses difficultés sont bien réelles, la crise est aussi le meilleur moment pour remettre en cause les idées et pratiques venues du passé pour vérifier si elles sont bien encore d'avenir : l'agriculture n'est en effet pas une activité économique comme les autres. Le débat est largement ouvert de part et d'autre ! Et élus et syndicats, FDSEA 21 comme Confédération paysanne 21, se reverront sans aucun doute pour nourrir ces échanges.

     

    Pour en savoir plus sur l'occupation de la Maison du Lait, voir ici le web-reportage de France Info du 13 septembre.